Emporté dans la tourmente des formalités administratives avec cette lenteur qui décourage le plus audacieux des investisseurs, l’homme risque de changer de cap et délaisser un rêve pieux, celui d’investir dans sa ville natale….
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le nombre d’unités industrielles et projets lancés dans le gouvernorat de Gafsa a connu une croissance remarquable après les émeutes du Bassin minier en 2008 permettant d’absorber un tant soit peu le chômage dans ces contrées. Mais au grand dam de ceux qui ont osé s’aventurer dans l’entrepreunariat après le 14 janvier ,la révolution a ralenti le développement du tissu entrepreneurial et fait avorter l’éclosion de beaucoup de foyers d’investissement pour diverses causes décourageant les plus audacieux.
Parmi ces investisseurs, Neji Gouadria; un jeune originaire de la région, dont le calvaire perdure depuis deux ans et qui a cru qu’on allait lui dérouler le tapis rouge en plongeant dans le rêve de créer un projet et pas n’importe lequel.
Il s’agit d’un Mall sur une superficie de 30 mille m2 pouvant générer 2000 postes d’emploi directs et mobilisant un investissement de 50 millions dinars .Ce qu’il endure depuis que cette idée a germé dans sa tête mérite qu’on s’y arrête et qu’on se pose plusieurs questions.
A la tête d’un groupe immobilier, son projet pourrait enlever une épine du pied des responsables régionaux avec la création de postes d’emploi à un moment où ce dossier est en stand-by, en jetant leur dévolu sur la CPG devenue incapable d’endosser à elle seule l’habit du seul employeur dans la région.
Un parcours semé d’embûches…
Mieux encore, cette réalisation programmée à l’entrée nord de la ville permettra d’alléger la pression sur le centre communal devenu asphyxiant à cause de cette explosion démographique et de ce bâti anarchique. Bref, son rêve pieux est en train de partir en fumée pour ne pas dire se transformer en cauchemar à cause de cette lenteur administrative et d’une léthargie des instances municipales qui font rétracter le plus audacieux des investisseurs. « Notre première entrevue avec le gouverneur de Gafsa a eu lieu en avril 2017 et depuis ce fut la débandade derrière cette pile de dossiers déposés auprès de tous les organismes et instances .Ce sera le plus grand projet dans le sud-ouest générateur de postes d’emploi .Normalement, il devait être dans sa phase d’exploitation. C’est un complexe multifonctionnel qui fait intervenir beaucoup d’enseignes tunisiennes et étrangères .Nous avions eu un accord de principe des autorités compétentes ».
Mais le chemin s’est avéré plus long, tumultueux même, car il faut décrocher le grand sésame qui consiste en l’aval de la municipalité de Gafsa d’approuver le projet en accordant son accord final. Sans ce sésame, les partenaires qui ne peuvent se contenter d’un accord de principe risquent de partir ailleurs tout comme les deux instances ministérielles et la commission nationale d’investissement. « L’accord des ministères du Commerce et de l’Equipement comporte des réserves qui devront être réglées à l’échelle régionale (municipalité de Gafsa ). C’est la principale obstruction pour bénéficier de l’accord officiel qui nous permettra de fidéliser nos partenaires tunisiens et étrangers qui ne peuvent officialiser leur partenariat qu’après avoir décroché l’accord final délivré par la municipalité de Gafsa qui a daigné nous répondre le 17 janvier dernier pour nous annoncer que les procédures inhérentes à notre requête seront engagées incessamment. Sauf qu’on ne fait qu’attendre. Je leur ai fait savoir que je suis prêt à prendre en charge les frais d’un bureau d’études pour débloquer ce dossier. La commission nationale d’investissement s’est interrogée sur le pourquoi de ce retard pour en savoir plus. J’ai contacté même le ministère du Développement et de l’Investissement ».
Autant d’aberrations, un retard monstre dans le feed-back des pouvoirs publics qui devaient tenir compte des indicateurs de développement qui évoluent au pas de tortue, pour booster de telles réalisations dont l’incidence sur le plan économique et social n’impose pas de démonstration.
Dans le même sillage, fallait–il rappeler qu’une stratégie de développement (2016-2020) a été mise en place pour accorder un intérêt particulier aux régions intérieures mal loties en favorisant une nouvelle conception de districts économiques et qui consiste à hausser le niveau de compétitivité de la région et de fournir un climat d’affaires adéquat ? Sur ce nouvel échiquier où peut-on localiser le gouvernorat de Gafsa ?
Hafedh TRABELSI